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Comment protéger votre patrimoine de l’inflation ?

Le contexte inflationniste et les taux bas ne laissent que peu d’options pour sauver votre patrimoine. Aujourd’hui plus que jamais, il faut prendre du risque pour entrevoir un rendement.



En Belgique, l’inflation s’est élevée à 2,86% le mois dernier. Le taux de l’inflation en zone euro s’est élevé à 3,3% en septembre, après 3% en août et 2,2% en juillet. En Belgique, l’inflation s’est élevée à 2,86% le mois dernier. Des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis dix ans en zone euro. L’OCDE, dans ses perspectives économiques publiées en septembre, prévoit un pic de la hausse des prix à la consommation fin 2021, notamment suite à la hausse des prix de l’énergie, puis une décélération tout au long de 2022. « Ces tensions inflationnistes devraient finir par se dissiper », détaille l’Organisation de coopération et de développement économiques. Les banques centrales entrevoient également un retour à la normale en 2023. « On n’a probablement pas encore vu le pic de l’inflation, qui devrait être atteint quelque part en fin d’année », confirme l’économiste Philippe Ledent (ING). « Elle devrait ensuite refluer dans le courant de l’année prochaine et passer sous la barre de 2% en 2022 et en 2023, selon la BCE », ajoute l’économiste, qui temporise : « C’est un phénomène à caractère temporaire ». Mais le temporaire tend à se prolonger. « Alors que le phénomène devait, selon les prévisions antérieures, durer deux-trois mois, cela devrait durer finalement six à neuf mois », précise Philippe Ledent.


L’épargnant, grand perdant

Mais, entre-temps, cette hausse des prix impacte les ménages, qui perdent en pouvoir d’achat. L’indexation des salaires permet de compenser ce phénomène, mais du côté du patrimoine, l’épargnant paie un lourd tribut. Il est encore et toujours le grand perdant dans ce contexte inflationniste.

« Il n’y a pourtant jamais eu autant d’argent sur les carnets de dépôts », interpelle Nicolas Cellières, planificateur financier et fondateur d’Optivy. L’encours total des livrets d’épargne frôle les 300 milliards d’euros, atteignant 299 milliards en juillet dernier, selon les chiffres de la Banque nationale de Belgique (BNB). Avec un taux d’intérêt à 0,11% sur la plupart des comptes d’épargne et une inflation à 3%, la perte de pouvoir d’achat est plus criante que jamais pour les épargnants. Le planificateur financier illustre cette perte du pouvoir d’achat via une projection sur 30 ans. « Pour un épargnant disposant de 100.000 euros sur un livret d’épargne, avec un taux de 0,11% et une inflation à 3%, ses avoirs perdront 25% de leur valeur sur dix ans.

Au bout de 30 ans, ces 100.000 euros deviendront un peu plus de 42.000 euros (en termes réels, pouvoir d’achat actualisé, NDLR) », illustre Nicolas Cellières. Son confrère Corentin Minne, planificateur financier chez Pareto, confirme : « celui qui prend le plus de risques avec son patrimoine actuellement est l’épargnant. Malheureusement, on constate qu’ils sont de plus en plus nombreux. Et ils risquent de se réveiller un jour en se rendant compte de ce qu’ils ont perdu ».

La BCE maintient actuellement des taux bas, « on appelle cela la répression financière, qui a pour but de stimuler la consommation et de réprimer l’épargne. Le gagnant dans ce type de contexte est celui qui est endetté car la valeur réelle de sa dette diminue alors que ses revenus sont indexés. Mais il y a toujours quelqu’un qui paie la facture en contrepartie. C’est celui qui a du patrimoine et ne veut pas prendre de risque, cela n’a rien de nouveau », détaille Philippe Ledent. La situation inflationniste actuelle ne laisse en effet que peu de choix : « Soit vous acceptez de prendre du risque pour compenser la hausse des prix, soit vous acceptez de perdre du pouvoir d’achat », concède l’économiste.

Pour protéger votre patrimoine de l’inflation, il faut d’abord déterminer votre horizon de placement. « Il y a une corrélation entre horizon de placement et risque. Plus les objectifs sont à horizon lointain, plus vous pouvez vous permettre de prendre davantage de risques », explique Nicolas Cellières.


L’indexation salariale, réelle compensation face à l’inflation ?


À court terme :

Si vous avez besoin de votre épargne pour financer l’un ou l’autre projet dans les deux prochaines années, il s’agit d’un horizon de placement à court terme. Malheureusement, dans ce cas de figure, « vous pouvez juste croiser les doigts et espérer que l’inflation ne soit pas trop importante », explique Corentin Minne. Car les alternatives prudentes à l’épargne font défaut. Malgré la « grande demande pour des placements prudents à court et moyen terme, il n’y a pas d’offre », poursuit le conseiller financier.

  • Immobilier

Si vous détenez de l’immobilier, il est peut-être temps de penser à indexer votre loyer. « Bon nombre de propriétaires n’indexent pas leurs loyers. Or, vu l’inflation actuelle, ils ont tout intérêt à le faire », conseille Nicolas Cellières. Le bailleur peut indexer son loyer une fois par an selon une formule de calcul basée sur l’indice santé.


À moyen terme

Si vous n’avez pas besoin de liquidités dans l’immédiat et que votre horizon de placement est de minimum cinq ans voire dix ans, cela vous ouvre (un peu) plus de portes. Mais tous les économistes et conseillers en planification financière le disent : il faut, pour a minima compenser l’inflation, être prêt à prendre un peu de risques. « Ne fût-ce que pour garder son capital, il faut inévitablement prendre du risque. Il n’y a plus le choix. Sinon c’est accepter d’y perdre. La sécurité, sous forme de ‘capital garanti’, n’est qu’une illusion. C’est surtout avoir la garantie de perdre. Quand vous prenez du risque, potentiellement vous pouvez perdre mais vous pouvez aussi gagner, alors que la garantie sur votre capital coûte très cher et que vous êtes finalement assuré d’y perdre compte tenu de l’inflation », analyse Nicolas Cellières.

« Il faut se faire un peu violence concernant le profil de risque », conseille son confrère Corentin Minne. Les obligations, les produits de branche 21, les placements à capital garanti, les bons de caisses… « ces placements ne rapportent que très peu face à l’inflation », prévient l’expert, qui incite plutôt à opter pour des placements dynamiques. Si vous n’êtes pas prêt à prendre des risques, « il faut alors accepter de ne pas obtenir de rendement. Car pour compenser l’inflation sur base annuelle entre 2 et 3%, il faut que le placement rapporte entre 2 et 3%. Mais dès qu’on passe 2%, on passe du placement prudent (entre 0 et 1%) au placement dynamique », détaille le planificateur financier.

« Pour garder son capital, il faut inévitablement prendre du risque. Il n’y a plus le choix. Sinon c’est accepter d’y perdre. » Nicolas Cellières – Planificateur financier (Optivy)

  • Marchés financiers

« Certains fonds de placement ou les actions de sociétés monopolistiques et celles qui ne subissent pas trop la concurrence (Microsoft, le segment du luxe…) peuvent être la bonne option pour un horizon de placement à cinq ans. Au-delà, vous pouvez prendre plus de risques sur les marchés boursiers, l’or peut également être une valeur refuge », détaille Corentin Minne. A contrario, certains secteurs sont à éviter: les sociétés de distribution dans le gaz et l’électricité, « car certaines se trouvent en difficulté actuellement, les matières premières ont tendance à s’envoler et elles n’arrivent pas à répercuter la hausse des prix sur le client », explique le spécialiste.

  • Immobilier

La brique reste également une belle alternative à l’inflation, tout en contractant un emprunt – actuellement toujours avantageux dans ce contexte de taux bas –, ce qui permet d’avoir un bel effet de levier. « Mais il faut garder une certaine vigilance concernant les taux. Car si l’inflation persiste, une remontée des taux d’intérêt peut être possible, ce qui peut impacter le marché immobilier », met en garde le fondateur d’Optivy, qui concède que l’immobilier était tout de même le « meilleur moyen de combattre l’inflation ces derniers mois ».

« L’immobilier était le meilleur moyen de combattre l’inflation ces derniers mois. » Nicolas Cellières – Planificateur financier (Optivy)


À long terme

  • Immobilier et marchés financiers

Si l’horizon de placement dépasse dix ans, l’immobilier et les marchés boursiers restent, là encore, la seule option vous permettant de dégager un rendement compensant a minima voire dépassant l’inflation. L’immobilier résidentiel offre un rendement brut variant actuellement entre 3 et 4% et reste moins volatil que les marchés boursiers pour les plus frileux face au risque. « L’immobilier est un actif qui résiste à l’inflation », rappelle le conseiller financier de Pareto. Vous pouvez également rentrer progressivement en bourse. « Le fait de rentrer progressivement sur les marchés sur une longue durée lisse le risque. C’est une manière de rendre prudent l’investissement », explique Corentin Minne.

  • Plans de pension

Bon nombre de travailleurs, qu’ils soient salariés ou indépendants, ont actuellement des plans de pension avec un rendement garanti (assurance-groupe, PLCI, CPTI, EIP…). Certains ont également de l’épargne à long terme (branche 21) ou des produits d’épargne-pension. « Encore aujourd’hui, trop de plans de pension complémentaire sont logés dans la branche 21 avec un rendement garanti. Mais à l’instar du compte épargne, la branche 21 offre un rendement réel négatif. C’est finalement la garantie d’y perdre, soyons clair. Paradoxalement, pour les plans de pension, les gens sont plus frileux à prendre du risque, alors que c’est ce qu’il y a de plus long comme horizon de placement. Cela paraît donc plus naturel et logique de prendre davantage de risque sur un plan de pension », conseille Nicolas Cellières. « Il ne faut pas hésiter à solliciter son courtier ou à faire jouer la concurrence », appuie son confrère de Pareto. Si vous détenez une épargne-pension, par exemple, « vérifier votre contrat, si vous avez un profil défensif, pensez à opter pour un profil dynamique afin que le rendement couvre l’inflation », détaille Nicolas Cellières.

  • Assurances

D’autres types d’assurances (revenu garanti, invalidité) peuvent également être revus. « Pensez à indexer les montants avant sinistre et après sinistre. Si vous souscrivez ce type d’assurance en 2021 avec une rente de 1.000 euros/mois et que vous êtes invalide durant dix ans ou que vous n’avez besoin de votre assurance revenu garanti que dans dix ans, si ces 1.000 euros ne sont pas indexés, vous n’aurez plus le même pouvoir d’achat », prévient le conseiller.

Source : Mon argent – L’ECHO – Mathilde Ridole – 01 octobre 2021

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